Habitant de Gaïa

Moi, habitant de Gaïa, je suis pleinement conscient de faire partie intégrante de la nature, du vivant, de l’environnement. Même si je suis dans l’incapacité intellectuelle de définir tous les liens qui m’unissent au vivant, je constate ma totale interdépendance avec tout ce qui est. L’air que je respire est respiré par une infinité d’autres êtres vivants ; cet air doit lui-même son existence et ses propriétés à une infinité de contributeurs vivants, notamment végétaux. Il en est de même pour l’eau que je bois, la nourriture que je mange.

Moi, habitant de Gaïa, je suis conscient de l’héritage de mes ancêtres ; que si l’un(e) d’entre eux(elles) n’avait pas fait les choix qu’il(elle) a fait(e)s, mon existence même aurait pu être remise en cause. Je sais aussi que sans l’action du(de la) maraîcher(ère) qui fait pousser les légumes que je mange, sans l’attention de l’infirmier(ère) qui m’a prodigué des soins, sans les talents de l’écrivain(e), sans le génie de réalisateurs(trices), musicien(ne)s, photographe, ma vie serait très différente. Sans que je sache décrire tous les liens qui nous unissent, je suis conscient de mon interdépendance avec les humains, quels que soient leur sexe, leur couleur de peau, leurs croyances ou religions, leur orientation sexuelle, leur âge, leur niveau d’études, leurs capacités physiques ou intellectuelles. Je suis conscient de l’héritage de mes propres ancêtres, mais aussi de l’héritage des ancêtres des autres humains qui m’impacte aussi, directement, au quotidien.

Moi, habitant de Gaïa, quand je lève la tête vers le ciel, je vois le soleil qui permet la vie sur Terre ; je vois la lune qui influence directement le vivant par ses cycles dont le plus visible créé les marées. Je vois les étoiles – cent milliards de soleils dans notre seule galaxie, et 100 milliards de galaxies comme la nôtre dans l’univers observable. Même si je suis dans l’incapacité intellectuelle de comprendre la composition de l’univers et les interactions de ses composants, je sais que nous avons la totalité de cet univers en commun. Chaque être vivant sur Terre partage la totalité de l’univers, en plus de partager le même air, la même eau, les mêmes animaux, végétaux, minéraux. Nous avons l’infini en commun. Et pour les humains, nous avons même encore plus en commun : nous partageons les mêmes émotions, les mêmes sentiments, les mêmes besoins.

Moi, habitant de Gaïa, je constate que même en ayant l’infini en commun, nous sommes tous différents. Il n’y a pas 2 humains identiques, 2 arbres identiques ou 2 fourmis identiques. Sans que je sache expliquer pourquoi, je constate que la beauté et l’harmonie proviennent de ces différences ; si les membres d’un orchestre jouaient la même partition avec le même instrument, la musique serait infiniment moins riche. Sans que je sache vraiment expliquer pourquoi, je sais que la diversité est une condition à la vie elle-même, un cadeau de l’univers.

Moi, habitant de Gaïa, je suis conscient que je ne peux agir sans interagir, c’est à dire que chacune de mes actions, y compris la plus insignifiante, va avoir un impact sur le reste du vivant, même si je suis en totale incapacité à décrire cet impact. De même que ma vie est influencée par tout l’héritage de nos ancêtres, je suis conscient d’influencer tout le vivant, et que je laisse ceci en héritage à toutes les générations futures de toutes les espèces. Tout ceci est pour moi un fait, une évidence.

Moi, habitant de Gaïa, j’existe. Je revendique la liberté et la pleine responsabilité de chacun de mes actes, chacune de mes paroles, de mes pensées, de mes émotions. Je revendique ma différence. Je revendique mon droit à l’erreur due à l’infinité de mon ignorance. Je célèbre le vivant dans son ensemble, et revendique le droit inaliénable de prendre soin de tout ce qui contribue à la vie et à son harmonie. Ce droit fondamental constitue mon engagement, mon chemin. C’est non seulement mon propre intérêt, mais aussi la seule alternative sensée à laquelle je puisse songer à ce jour.

Jérôme